Ecole - famille : une relation partenariale sinon rien
Les acteurs prenant part à « l'éducation » de votre enfant sont nombreux. Je pose des guillemets au terme éducation car le débat reste ouvert à ce sujet, de quoi parle-t-on au juste ? quelles différences entre éducation et enseignement ? est-ce que les deux termes vont systématiquement de pair ?
Ce que je peux vous dire, c'est qu'à mon sens, enfin suite à ma pratique sur le terrain, l'un ne peut aller sans l'autre. On ne peut pas enseigner sans éduquer, d'autant plus si l'on considère le parcours de l'apprenant dans sa globalité depuis l'entrée en maternelle jusqu'au master ou au doctorat. Cependant, notre métier d'enseignant vise tout de même à enseigner principalement et je dirai dans secondairement à éduquer ou à rééduquer selon les situations. La bascule ne doit pas avoir lieu, c'est-à-dire que nous ne devrions pas arriver à un stade où on éduque davantage qu'on enseigne car cela signifierait que nous aurions perdu de vue notre rôle majeur. Pour cela nous avons besoin des familles et de leur bienveillance à l'égard de leur enfant, puis de la société et de l'école bien sûr.
Les acteurs prenant part à « l'éducation » de votre enfant sont donc nombreux, très nombreux... à commencer par vous, par sa famille et ses proches. Ensuite, viennent l'école, l'équipe pédagogique et l'équipe éducative élargie.
A l'école primaire par exemple, il y aura les maîtres et maîtresses, la Direction de l'école, l'Inspecteur d'Académie, les PSYEN (psychologues de l'éducation nationale), le RASED (Réseau d'Aides Spécialisées aux Enfants en Difficulté) constitué de psychologues et d'enseignants spécialisés, éventuellement en périphérie de la scolarité les personnels de cantine et de garderie qui pourront pour ces derniers, notamment participer aux leçons du soir.
Attention, les maîtres et les maîtresses peuvent parfois être nombreux à suivre la scolarité de votre enfant au fil d'une même année scolaire et cela pour plusieurs raisons. Je vais illustrer cela à partir d'une situation concrète vécue :
Lors de la rentrée en CM1 d'une de mes filles, la maîtresse nouvellement affectée dans l'école avait été nommée à la direction de l'école. A cet effet, elle nous annonçait début septembre des absences à venir pour des motifs de formation à ce rôle de direction qui était nouveau pour elle et elle précisait que les vendredis (jour de sa décharge d'enseignement afin de mener à bien sa mission de direction) une autre maîtresse prendrait son relai. La maîtresse ajoutait même que le rectorat n'aurait peut-être pas toujours la possibilité d'attribuer des remplaçants pour suppléer à ses absences pour formation... ce qu'effectivement je voulais bien croire et qui d'ailleurs s'avéra tout à fait vrai peu de temps après. Lors de la première absence, un « jeune premier » fit une journée de remplacement (les enfants avaient été gardés sans trop travailler et le tout jeune enseignant avait passé une journée apriori difficile), puis le lendemain personne (les enfants avaient été dispatchés dans les autres classes car le jeune professeur n'était pas revenu) ... Et la fois suivante, une autre personne était venue, puis les enfants furent placés dans les autres classes encore une fois, puis...j'ai arrêté de suivre cet imbroglio, ce micmac des remplacements ou non remplacements d'ailleurs... Avez-vous compté ? Attendez, je me relis...et je compte pour vous ! Alors à l'année, on prend une base de deux maîtresses, on rajoute le jeune premier, puis une maîtresse d'une autre classe, puis une remplaçante, puis une autre maîtresse d'une autre classe... bilan à la moitié du premier trimestre ça fait déjà six ! Rendez-vous compte de la difficulté d'adaptation, sans parler du rythme d'apprentissage qui est hachuré... Cela peut constituer une belle opportunité pour faire preuve d'adaptation dans un monde qui bouge je vous l'accorde, mais honnêtement pour un enfant qui a un parcours compliqué c'est tout à fait déstabilisant et peu vertueux parole de professeur (le dicton « quand le chat n'est pas là les souris dansent » est approprié). Ce que j'ai pu observer à travers le regard de ma fille c'est que pour les élèves de cet âge un référent unique et régulier est un guide, un roc auquel on peut s'attacher, se confronter, se rapprocher... se confier parfois même.
Au collège et au lycée, s'ajouteront à cette liste d'acteurs : les CPE (Conseillers Principaux d'Education), les surveillants ou AED (Assistant d'Education), les personnels de santé (infirmières, assistante sociale...), les intervenants du CIO (Centre d'Information et d'Orientation)...
Plus la relation de votre enfant à l'école est difficile, l'inverse peut également être vrai malheureusement..., plus il vous faudra construire une relation partenariale forte avec les acteurs de l'école.
Pourquoi ?
Afin tout d'abord de comprendre ce qui se passe à l'école : quel est le parcours de votre enfant ? quels sont ses points forts ? quelles sont exactement les difficultés qu'il rencontre ? qu'est-ce que l'équipe enseignante a proposé comme pistes de remédiation afin d'améliorer le parcours de votre enfant et quelles ont été les résultats observés... ? Le but est de dresser un état des lieux.
Puis, vous pouvez en profiter pour apporter des éléments qui permettent aux enseignants de mieux comprendre votre enfant, son fonctionnement, ses spécificités et ses besoins : antécédents psychomoteurs, obstétricaux, héréditaires. Evidemment, il ne s'agit pas de justifier tous les faits et gestes de votre enfant mais d'apporter avec la plus grande honnêteté les éléments constitutifs d'une meilleure compréhension de votre enfant. Une bonne communication tôt dans l'année permet d'éviter des conflits qui naissent pour de mauvaises raisons, je parle en connaissance de cause. L'école n'a pas toujours la bonne solution pour votre enfant, j'insiste : personne d'autre que vous connait aussi finement votre enfant que vous, alors si vous êtes convaincu qu'il existe des éléments qui n'ont pas été considérés, dîtes-le, écrivez-le, adressez-vous à la bonne personne parmi tous ces acteurs. Ne lâchez rien et restez courtois, quelqu'un finira par vous entendre, je parle toujours en connaissance de cause. La confiance en l'école n'exclue pas le contrôle des parents. Attention, il ne s'agit pas de se mêler de tout, de faire le travail du professeur à sa place, qu'on soit bien d'accord, j'évoque ici des situations particulières pour lesquelles les parents ont parfois une meilleure maîtrise que les acteurs pédagogiques principaux, par exemple pour la gestion de troubles des apprentissages de type dys ou l'hyperactivité ou encore la précocité non repérée...
Bref, n'attendez surtout pas le bulletin pour réagir, si vous sentez que votre enfant n'est pas motivé ou pire qu'il ne parle pas de l'école, qu'il s'y rend à reculons, qu'il somatise...alors prenez les devants et n'attendez pas de voir si les choses évoluent. Non, demandez un rendez-vous avec la maîtresse s'il s'agit de l'école primaire ou du professeur principal s'il s'agit du collège ou du lycée. Des dispositifs d'aide existent ! (Cela fera l'objet d'un autre article)
Voilà on y est, la boucle est bouclée, en tant que parent vous comprenez ce que signifie, ce que suppose l'appartenance à l'équipe pédagogique. Vous êtes partie prenante, vous êtes acteur, vous avez le droit, et parfois même l'obligation de vous impliquer dans le parcours scolaire de votre enfant, aucun membre de l'équipe éducative ne pourra vous le reprocher si vous le faites avec bienveillance. Je ne dis pas que ce sera chose facile selon les situations, je dis simplement que cela évitera bien des situations conflictuelles par la suite.
Votre enfant rencontre des difficultés ? Il a de mauvais résultats, il ne veut pas aller à l'école ? Il ne se sent pas concerné par ce qui lui arrive ? Le maillon faible c'est peut-être vous ! J'enfonce le clou probablement avec une maladresse assumée, ce qui m'importe ici c'est de terminer cet article en vous persuadant que personne n'est mieux placé qu'un parent pour accompagner son enfant vers l'épanouissement scolaire. Vous pouvez le faire en vous informant, en demandant momentanément une aide personnalisée, des conseils avisés pour le parcours de votre enfant. Si le conflit est ouvert avec l'école, n'hésitez pas à demander de l'aide. Ponctuellement, lorsque le besoin de votre enfant sort de vos compétences et des compétences de l'école, vous pouvez faire appel à des acteurs pédagogiques de l'équipe éducative élargie : psychopédagogues et thérapeutes (cf notamment ce que je vous propose via le blog https://www.potentieletharmonie.fr/), orthophonistes, psychomotriciens, psychologues, psychiatres... Là encore, vous êtes le relai entre ces acteurs et l'école. Tout en préservant le secret médical, il est bon d'informer l'école des démarches entreprises pour faciliter le parcours de votre enfant.
Finalement, votre enfant apprend aussi beaucoup en dehors de l'école, lorsqu'il pratique par exemple une activité sportive, culturelle, artistique... Son comportement lors de ces activités périscolaires peut également être source d'informations précieuses que vous pouvez transmettre à l'école afin de mieux cerner votre enfant, ses besoins et ses compétences. Vous pouvez être force de propositions pour le parcours de votre enfant, si celles-ci sont fondées, réalistes, applicables et utiles. L'école peut y être favorable, l'école évolue, elle n'a pas toutes les réponses et elle se doit de s'adapter aux évolutions de la société afin d'accompagner chacun sur son chemin vers son potentiel. Je ne crois pas que ce soit facile mais ce dont je suis certaine c'est qu'il ne s'agit pas là d'une utopie. Parlez-en avec l'école.
Nathalie Martinez